Comment personnalité inuit sur Tik Tok, est devenue une des influenceuses culturelles les plus reconnues au Canada

Feb 26 2021, 7:01 pm

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Écrit pour Daily Hive par Katie Nanton, une journaliste indépendante de Vancouver.


“Je veux que les jeunes autochtones ressentent qu’ils sont aussi importants que n’importe qui d’autre. ”

Bien que plusieurs se sont trouvé des passe-temps extérieurs lors de la pandémie, Shina Novalinga est plutôt restée chez elle. Née au Nunavik, elle étudie maintenant à Montréal et consacre son temps libre à en apprendre davantage sur ses racines autochtones. Sa mère lui transmet de nombreuses informations sur la culture inuite, ce qui permet à Shina de se sentir plus entière, plus connectée à son identité.

À sa grande surprise, des vidéos publiées sur TikTok de sa mère Kayuula Nova et elle-même performant des chants gutturaux traditionnels sont devenus viraux, faisant d’elle en quelques semaines seulement, une des plus importantes influenceuses au niveau culturel.

Depuis son adhésion sur la plateforme en juin 2020 (@shinanova), Novalinga compte maintenant 1,3 millions de followers, en utilisant cette application de partage de vidéos comme un canal d’éducation interculturelle.

Son contenu varie : des rectifications au sujet des mythes sur sa culture; ses opinions au sujet de la sous-représentation de cette communauté dans les médias, la publication de photos d’elle-même arborant des anoraks ornés de fourrures de renard, fabriqués à la main par sa mère, etc.

Les publications, teintées d’humour et du charme naturel de Novalinga, sont profondes en signification.

“Le message que je souhaite transmettre à mes followers est de ne pas avoir peur de se reconnecter à son identité, à sa culture. De faire de l’effort.” dit Novalinga, rejointe à Montréal via Zoom.

“Il est aussi bien correct de prendre son temps.”

 

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L’Inuit et créatrice de contenu de 22 ans le sait par expérience. Bien qu’elle ait commencé à pratiquer le chant guttural traditionnel à sept ans, elle n’a reconnecté avec cette pratique que depuis quelques années.
Ce passe-temps traditionnel, habituellement pratiqué par deux femmes qui se font face en chantant, est considéré comme une sorte de compétition, à savoir laquelle perdra son souffle en premier.

“Une des femmes est la meneuse, décidant du son à faire, et l’opposante doit tenter de le reproduire”, explique Novalinga, ajoutant que cette pratique se veut une imitation des sons de la nature, ce qui a une signification profonde dans leur culture.

Au début, Novalinga fut trop gênée pour partager ses performances avec le grand public.

Non seulement elle était intimidée car elle était dans une phase d’amélioration de son art, mais aussi parce qu’à chaque fois qu’elle en avait parlé, elle ressentait que les gens ne savaient pas trop comment y réagir.

Toutefois, lorsque sa mère a commencé à publier leurs vidéos, Novalinga s’est vite départie de sa gêne. La réaction positive du public l’a propulsée au sommet et il ne fut guère long avant qu’elle ne reçoive des demandes d’entrevues de magazines tels que Vogue.

Avec des millions de visites sur son compte, elle a trouvé son créneau : éduquer ses followers sur sa culture inuite.

De plus, Novalinga sait que plusieurs d’entre eux pourraient bénéficier d’informations exactes étant donné que les stéréotypes et idées fausses abondent. Prenons l’exemple des chants gutturaux ; bien que la province du Québec reconnaisse l’importance de ces chants inuits (katajjaq), leur ayant attribué la désignation du Patrimoine culturel immatériel en 2014, il n’y a pas très longtemps que cette pratique était considérée tabou et péché.

Ni Novalinga, ni sa communauté ne peuvent oublier cet effacement colonial.

Ayant grandi à Montréal, cette créatrice a souvent été confrontée aux réactions négatives par rapport à son héritage autochtone, ce qui a rendu l’adoption de celui-ci plus difficile.

Aujourd’hui, la reconnaissance globale et l’amour respectueux qui découle de sa communauté internet l’ont aidé à bien accepter ses racines.

“Cela a changé mes priorités, ce qui est en tête de liste dans ma vie”, se confie-elle.
“Ma culture inuite – mon identité – est définitivement au sommet de mes priorités présentement. Et en partageant ma culture, je me rapproche petit à petit à une connaissance profonde de moi-même”.

Se battre pour une plus grande représentation du peuple autochtone est une autre bonne raison d’être une influenceuse.

 

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“Je voudrais que les jeunes autochtones sentent qu’ils ont la même valeur que n’importe qui d’autre. Sur les affiches et dans les magazines, nous voyons une grande panoplie de personnes magnifiques, différentes, mais le peuple des premières nations y est sous-représenté”, dit-elle.

Elle espère aussi être un exemple pour ceux qui hésitent à reprendre contact avec leurs racines, pour quelque raison que ce soit.

“Il y a tant d’enfants autochtones en famille d’accueil, élevés par des parents non-autochtones” ajoute-t-elle.

“Je leur adresse le message suivant : n’ayez pas peur. Vous pouvez toujours trouver votre identité si vous souhaitez apprendre. Cela vous est inné”.

En décembre dernier, Novalinga a capitalisé sur son influence et a ramassé 12 482 $ au profit d’un refuge pour femmes autochtones. Élevée par plusieurs femmes formidables durant son enfance, il est primordial pour elle de protéger et supporter ces femmes de toutes les manières possibles.

“Surtout nos femmes des premières nations, qui font face à un risque plus élevé d’abus et de danger”.

 

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De plus, en supportant et prenant contact avec d’autres peuples des premières nations, Novalinga trouve sa motivation quotidienne dans les messages d’amour provenant de parents autochtones, de fiers pratiquants de chants gutturaux et d’Inuits vivant ailleurs, comme au Groenland.

Novalinga suit aussi la créativité de nombreux influenceurs autochtones et s’inspire, entre autres, des vedette TikTok James Jones (@notoriouscree), Michelle Chubb (@indigenous_baddie), et Theland Kicknosway (@the_land).

Présentement à l’école de commerce, Novalinga compte étudier la culture autochtone plus tard. Toutefois, pour l’instant, elle est en train d’enregistrer un album de chants gutturaux avec sa mère, qu’elle espère avoir terminé à la fin de 2021.

Immortaliser leur pratique avec un disque est, pour elle, une autre façon de se réapproprier son héritage, rendre la culture accessible et, comme elle le mentionne “le faire entendre par le monde entier”.

Shina Novalinga, nous sommes à l’écoute!

 

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